Le lendemain, je tourne un peu dans Mamou, qui est donc la capitale
mondiale de la musique cajun. Vraiment pas de bol que le fameux Fred's loundge
n'ouvre que le samedi.
La route fait ensuite beaucoup de virages pour contourner les étangs à
écrevisses, avant d'arriver à Ville Platte, dont le fondateur fut un certain
Marcellin Garand, capitaine faisant fonction d'adjudant-major dans l'armée
napoléonienne. Après la vente de la Louisiane, il obtint une concession sur le
hameau de la Ville Platte. Le premier bureau de poste ouvrit en 1842 et il en
devint le postier en chef !
Fred's loundge, LE lieu pour écouter la musique cajun, mais... ce n'est ouvert que le samedi. Comme je regrette ! |
Alors j'ai trouvé cet enregistrement : Big Mamou at Fred's loundge
Pêcheur d'écrevisses à l'ouvrage A Ville Platte |
C'est assez émouvant de lire les noms de rues qui sonnent si "français ", sans compter tous les noms sur les boîtes aux lettres.
Stanley, un cajun adorable qui parle VRAIMENT français |
Devant le petit musée (fermé) Swamp pop, un homme qui travaille dans un magasin de pièces auto en face, vient faire connaissance. Quand je lui dis que je suis Française, il est tout heureux, me demande "Parlez-vous français ?" (!!!) , et voilà, ce n'est pas une légende, les cajuns parlent français, et plutôt bien, avec un joli accent ressemblant à l'accent québécois.
Il m'explique qu'il a toujours parlé français en famille, et qu'àVille Platte, je trouverai plein d'autres francophones, ce qui s'est vérifié un peu plus loin au supermarché. Il me parle d’une radio locale qui émet tous les matins en français, avec participation des auditeurs. Moi aussi, je suis incroyablement émue de discuter avec Stanley. En revanche, je trouve que certains ici parlent un anglais assez "brouillé" que je comprends mal (et vice versa). Je dois souvent faire répéter.
Encore des étangs à écrevisses |
Là, je contacte par téléphone un hôte warmshower de Simmesport, qui accepte tout de suite de m'héberger le soir même.
Pétrole |
Les derniers miles sont très longs (l'étape est de 67 miles, ma plus
longue pour le moment), avec toujours ce vent de face qui ne s'est jamais
arrêté. Et il faut ajouter à ça que si les routes de Louisiane sont nettement
plus agréables que celles du Texas, il faut cependant reconnaître que le
phénomène "chiens" s'est amplifié considérablement. Tous les
cyclos rencontrés récemment m'avaient demandé comment étaient les chiens texans
et ma foi, je n'avais pas été trop embêtée.
Eux me parlaient des chiens de Louisiane particulièrement insistants et
hargneux. Et je confirme, surtout sur cette dernière portion de la journée. Il
ne s'agit pas du tout de chiens sauvages, mais de chiens de propriétaires, non
attachés et dans des propriétés non clôturées. Je pense qu'au Texas, les
terrains sont plus souvent clôturés. Il y en a toujours 2 ou 3 minimum, plus
ceux des maisons voisines, ce qui surmultiplie leur excitation de voir un
cycliste passer devant chez eux. Et systématiquement ils se sentent obligés de
faire un bout de chemin avec moi, en essayant de m'intimider Je n'ai pas
spécialement peur d'eux, pour le moment la technique de l'indifférence marche
pas trop mal, mais ça devient quand même soûlant.
Le resto de la famille Rabelais... |
... où je passe la nuit. |
En attendant l'heure de la fermeture (en fait, je vais dormir dans la salle
du resto), je commande un catfish basket. Je discute un peu avec Clay, que je
trouve remarquable de maturité et d'esprit de responsabilité. Il m'explique que
le traitement de sa maman coûte beaucoup d'argent, et un peu plus tard, je
verrai sur une affichette qu'un repas de soutien est prochainement organisé
pour financer ces frais médicaux. Vive le libéralisme !
Repas organisé pour supporter les frais médicaux de la maman de Clay |